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Fonds Antillais
LE FONDS PATRIMONIAL
Le Fonds patrimonial regroupe des ouvrages d’auteurs du Bassin caribéen et de la Guyane française, et aussi des ouvrages traitant de sujets divers sur la Caraïbe, parus après 1902.
Nous avons également des ouvrages très riches sur les langues créoles de la Caraïbe, des grandes Antilles et de la Guyane française, en particulier le créole à base lexicale française.
Les ouvrages antérieurs à 1902 sont regroupés au sein de la Réserve de la Bibliothèque Schoelcher.
La mission principale du Fonds Patrimonial est la constitution d’un patrimoine regroupant les ouvrages de cette région.
Hormis les romans, qui se trouvent à la section de « Prêt Adulte », tous les ouvrages sont consultables au premier étage de la bibliothèque.
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Noël
Noël chez nous, ça commence par la préparation des mets des plus savoureux, des plus succulents qui raviront nos yeux et nos papilles, des odeurs alléchantes chatouilleront nos narines. C’est du boudin rouge et aussi du boudin blanc, pâtés salés, viande de porc roussie, igname et autres légumes, blanc-mangé coco, liqueur pistache, coco, shrubb et autres alcools. Tout en sachant, rappelons-le, que l’abus d’alcool nuit gravement à la santé.
Noël, c’est l’occasion de se retrouver en famille, gran moun kon ti-moun ki ensem ensem ! L’occasion de bien boire, bien manger, bien danser et de recevoir de beaux cadeaux surtout pour les enfants.
Noël, c’est aussi pour certains une période d’introspection où l’on remet en question son existence sur terre et qu’elle serait son rôle face à ces bouleversements planétaires. Nous vivons une époque perturbée d’où l’humanité perd du terrain au profit du « chacun pour soi » la méchanceté, la perversité, l’égoïsme, le racisme, et j’en passe sont « monnaie courante ».
Pourquoi, quand vient cette période de Noël, nous nous sentons plus humains, plus proches des gens qui sont dans le besoin ? De nouvelles associations caritatives fleurissent. Est-ce que cette période serait propice à nous rendre plus altruistes, moins égoïstes. Et une fois cette période passée, nous retombons dans les mêmes travers d’avant. L’homme est un être versatile, il change en fonction de la situation. Est-ce son instinct de survie ? Ou suit-il tout simplement le courant de la vie, du temps ? C’est vrai, ce n’est pas facile de garder une même constante. Vu que nous subissons tellement d’influences, mais nous avons le choix d’être ce que nous voulons être. Alors faisons le choix d’être Humain. Dans le mot humain il y a main, donnons-nous la main, bien que cette période sanitaire ne l’autorise pas. Alors faisons-le de manière virtuelle et sincère. Puisse ce Noël et cette nouvelle année, nous rendre meilleurs. Quand nous allons ouvrir vos cadeaux, ouvrons aussi notre cœur.
JOYEUX NOËL ET BONNE ANNÉE… !!!
Texte de Rose-Lys Elice
Père Noël
Notre Père Noël à nous,
À la barbe noire, drue, et crépue,
Barbe qui pique
Lorsqu’il m’embrasse
Pour me dire bonjour.
Notre Père Noël à nous
N’a pas de souliers,
Et les pieds tout boueux
Et les orteils douloureux,
Il arpente inlassablement
Les ravines et les forêts
Pour porter nos joujoux.
Notre Père Noël à nous
M’offrira un pipeau
Coupé dans un roseau.
Comme nous n’avons pas de lit
Il ne déposera pas le jouet à nos pieds.
Il a pris l’habitude d’enfouir ses cadeaux
Sous la paillasse près de nos têtes,
Ou alors il les cache soigneusement
Dans les haillons de notre litière.
Notre Père Noël à nous
Est un homme bon, que nous aimons tant,
Quand nous en avons seulement un
Qui puisse nous rendre visite ;
Car il y a trop d’enfants
Qui ne l’ont jamais vu,
Qui ne l ’ont jamais connu,
Et qui n’auront jamais le moindre jouet.
Souvenez-vous-en !
Serge Restog
Anthologie de la poésie créole, Éd. Caribéennes.
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ZOOM SUR...Autobiographie du Docteur Marcel Bazin
Né en Martinique, "l'île amoureuse du vent", Marcel Bazin grandit et s'épanouit auprès d'une famille pétrie de valeurs, qui l'aident à se construire. Etudiant à Montpellier, il y bâtit une carrière. Riche de son expérience d'homme, de médecin, il éprouve le besoin de transmettre à son tour ce qu'il a reçu. C'est donc à travers ses souvenirs d'enfance, dans sa maison de la Route des Religieuses, à Fort-de-France, de son parcours scolaire, de ses amis, sa famille, qu'il nous replonge aussi dans la Martinique des années 40-60. De la lecture-plaisir...
CONTACT
Ernest YERRO
Chargé des collections du Fonds Patrimonial
Tél. : 0596 55 68 42
Courriel : ernest.yerro@collectivitedemartinique.mq
Fléri-Nowèl
Noël ba linivè
Nwèl tradisyonèl, Nwèl jodi kon yè
Nwèl anlo koté anlè latè,
Nwèl bo yonn dé bout Linivè,
Nwèl, tan pou sa ki anlo ka kwè
Kon pou sa ki anlo pé pa kwè
Nwèl pou moun blan kon pou moun nwè
Nwèl konsa sé an joy bèl moman
Soutou ba tout ti zanfan-zanfan
Mé osi an tjè lé pi gran
Nwèl, tout péyi ki dans lanmizè
Nwèl sa ki ka benyen dan richès
Nwèl maléré ka chayé tristès
Tout sé Nwèl tala pou tjoké tjè.
Nwèl dis, ven senkantan ann’aryè
Nwèl téaté ; jan matérialis
Nwèl pi, Nwèl nèf èk san rasis
Nwèl djoum, poto mitan lafami
Nwèl ka sipoté anlo frédi
Nwèl fèt avan kon apwè ladjè
Nwèl ka pito pran koulè priyè
Nwèl piti ki lot-bo Gran Péyi
Nwèl dan kratjé èk zo jwenn frédi
Nwèl sèk èk dot dimansyon lafèt
Nwèl la ka fè cho, kon la ka fè fwèt
Nwèl karibéen-a mèt déwo
Nwèl gwadloupéen-a fè fo fo fo
Nwel antiyè, Nwèl matinitjé.
Extrait du poème « Nwèl ba linivè »
In. FLÉRI-NOWÈL de Marcel LEBIELLE
Georges Mauvois (1922-2018)
Mauvois
Notre regretté écrivain, dramaturge, conteur, homme politique, historien Georges Eleuthère Mauvois nous quittait à l’âge de 96 ans en décembre 2018. Nous proposons ci-après un extrait de son roman ‘’Gélius et son disciple », l’histoire d’une mangouste Gelius qui raconte à son disciple Joe, la Martinique d’hier et d’aujourd’hui. Dans un style narratif empreint de personnification pour mieux dénoncer les vicissitudes des rapports humains. Revivons une scène se déroulant dans les transports...
"…J’étais allé faire un tour en commune. Certains jours, comme cela, la ville m’excédait. J’avais donc pris l’autobus, le premier que j’avais trouvé sur le parking, sans souci de savoir où il allait. Je m’étais fait déposer à un de ces arrêts qui se trouvent en pleine campagne, à l’entrée d’un chemin desservant un quartier isolé. J’étais de mauvaise humeur, car j’avais voyagé à côté d’une dame dont les manières m’avaient déplu.
Elle était montée dans l’autobus, déjà bondé, après tout le monde. A priori, le chauffeur n’aurait pas dû l’accepter. Mais, au lieu de lui demander de redescendre, il avait voulu lui être agréable, Il avait cherché du regard une banquette où les gens étaient moins tassés qu’ailleurs. Ses yeux s’étaient arrêtés sur celle où je me trouvais. Il m’avait regardé d’un air d’autorité, puis avait dit à la dame de s’asseoir à côté de moi. « À côté du monsieur qui a des yeux ronds. » Et les passagers de s’esclaffer.
Tête droite, coudes au corps, elle avait enfoncé son bassin, en force, entre mon voisin de banquette et moi. Probablement partagea-t-elle la sensation que j’eus d’un excès de compression interne. Mais dans un premier temps, elle sembla prendre la chose avec bonne humeur. À distance, elle échangea avec le chauffeur des paroles enjouées. C’était comme si je n’existais pas. J’étais content pour elle.
Mais quand l’autobus se mit à rouler, son attention se porta carrément sur moi. Elle fit pivoter sa tête sur son cou et me considéra de très près. Je regardais droit devant moi, gêné de n’avoir rien de mieux à présenter. Elle eut un mouvement de la hanche, que je sentis plein d’hostilité. Après un long moment, elle cessa de me regarder. Mais peu après, elle recommença, le regard braqué sur ma tempe, comme si elle attendait que j’y substitue mes yeux pour qu’elle puisse les fusiller. Je me sentais coupable, mais sans savoir de quoi. Je serrais mes fessiers pour les rendre plus étroits. Mais apparemment, aucun résultat ne s’ensuivait. J’étais habité par le sentiment d’une injustice. La dame laissait son autre voisin tranquille, comme si l’obligation de lui faire plus de place n’incombait qu’à moi. Or, ce n’était pas de moi qu’était venu cet abus de serrage. J’étais déjà là à son arrivée…"
Extrait du livre de Georges Mauvois,
« Gélius et son disciple »