ITALIE, économie
Article numérique
Edité par Encyclopædia Universalis - 2017
À l'époque où elle devint un État unifié, l'Italie était encore un pays principalement agricole. Le développement industriel du Nord était en grande partie le fait d'entreprises privées ; dans le Sud, de nombreuses manufactures avaient été créées par la monarchie à des fins militaires, mais leur productivité restait faible. La politique suivie jusqu'alors dans certains États, en particulier dans le Piémont et dans le grand-duché de Toscane, était essentiellement une politique libérale qui avait stimulé les investissements dans l'agriculture. Les transformations dans ce secteur, en raison du maintien de structures particulières, n'entraînèrent pas d'exode massif comme on en avait enregistré en Angleterre, par exemple ; d'autre part, elles permirent, avec l'augmentation des revenus, un sensible accroissement des rentrées fiscales, qui profitèrent au renouvellement de l'économie, par la construction de canaux puis de voies ferrées. Cette politique favorisa également les investissements extérieurs qui contribuèrent largement au développement ferroviaire et furent stimulés par des perspectives optimistes auxquelles l'avenir apporta un démenti. En effet, les importants déficits budgétaires de la période 1861-1865 entraînèrent une dépréciation de la lire : il s'ensuivit une rentrée massive de titres souscrits par les épargnants étrangers et la nécessité d'établir le cours forcé.La libération des changes à l'intérieur du pays avait provoqué une crise de la plupart des entreprises du Sud, en offrant aux plus puissantes industries du Nord de nouvelles chances de développement ; c'est à cette époque que se dessine le grave « problème du Sud » avec lequel la politique économique se trouvera fréquemment aux prises sans jamais réussir à le résoudre ; en fait, le déséquilibre socio-économique entre le Nord et le Midi ne fera que s'aggraver avec le temps.Les différentes politiques économiques pratiquées jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale n'ont réussi ni à engendrer un net développement économique, ni à réduire les déséquilibres entre régions et entre secteurs, ni à proposer un nouveau modèle d'expansion. L'agriculture et l'industrie ont connu un essor rapide au cours des « années du miracle » (1951-1960). L'Italie est devenue très vite une puissance économique dont l'influence ne cessera de croître, en particulier au sein du Marché commun. Toutefois, ces années de « croissance spontanée » n'ont pas apporté de réponse au problème du sous-développement du Sud.Certaines contradictions économiques et sociales se développèrent également dans le Nord et se traduisirent par des différences de perspectives dans la croissance des divers secteurs, par l'inefficacité de l'aménagement du territoire et par des disparités dans les revenus des familles. De fait, les facteurs qui avaient permis la croissance spontanée durant les années du miracle économique disparurent au cours des années 1960.Les restructurations devenues nécessaires ne furent réalisées qu'en partie. Les années 1970 furent caractérisées par la détérioration des perspectives de l'économie à cause des difficultés croissantes, dues à la décélération de la demande mondiale, surtout après la crise pétrolière de 1974, et à des taux excessifs d'accroissement de la dépense publique, celle-ci étant orientée vers l'assistance plutôt que vers une aide concrète à la croissance. Le développement de l'« économie souterraine » (economia sommersa) put compenser pendant une certaine période l'inefficacité des secteurs dominés par les grandes entreprises. Les changements politiques et institutionnels qui sont intervenus au cours des années 1990, notamment à la suite de l'enquête judiciaire « mains propres » sur la pratique des pots-de-vin versés par de nombreux patrons d'entreprises privées pour décrocher les marchés publics, n'ont pas réussi à donner la stabilité tant souhaitée aux coalitions gouvernementales qui se sont succédé. Le constat d'un retard considérable en matière d'intégration européenne a déclenché un véritable sursaut de la très grande majorité des acteurs de la politique et de l'économie, qui se sont beaucoup investis dans une véritable course contre la montre d'abord pour faire revenir la lire dans le système monétaire européen (SME), en 1996, puis pour la mise en conformité des indicateurs économiques nationaux avec les paramètres définis à Maastricht conditionnant le passage à l'euro. La voie de la rigueur budgétaire et de l'assainissement des finances publiques a été payante, avec des résultats qui ont surpris les observateurs étrangers. Cependant, il y a lieu de s'interroger sur la durée d'un tel changement de tendance, car une conception plus moderne et surtout moins dirigiste de la présence de l'État dans la VIe économique est loin d'être véritablement acquise. Cela va d'ailleurs de pair avec le recours à des pratiques politiciennes qui ont déjà terni la crédibilité des institutions dans le passé.L'Italie se remet plus lentement que de nombreux autres pays européens des crises de la fin des années 2000. Une réforme du marché du travail a été adoptée en 2015, mais le chômage, en particulier celui des jeunes, l'endettement très important et les disparités entre le nord et le sud du pays demeurent les problèmes économiques les plus lourds.