PÉKIN ou BEIJING
Article numérique
Edité par Encyclopædia Universalis - 2009
Pékin, Beijing, (« capitale du Nord ») est, depuis 1949, la capitale de la république populaire de Chine ; municipalité placée sous l'administration directe du gouvernement central, elle compte en 2008 environ 14 millions d'habitants. Métropole politique et culturelle à l'origine, la ville a connu une première évolution après 1949 en se transformant en un centre économique important, caractérisé par une grande variété d'industries légères, une industrie sidérurgique moderne, une banlieue agricole dynamique et une activité commerciale favorisée par le carrefour des voies de communication qu'elle constitue. Une seconde mutation, d'ordre tertiaire, s'est engagée au tournant du xxie siècle, que l'attribution à la ville des jeux Olympiques de 2008 n'a fait qu'accentuer. Au-delà de la « ville murée », réceptacle de la Cité interdite, la construction d'une multitude de buildings et de centres commerciaux a profondément bouleversé la physionomie et l'économie de la ville, ne serait-ce que par la destruction du Pékin traditionnel et de ses petites rues tortueuses, les hutong. La ville est par ailleurs confrontée aujourd'hui à de graves problèmes de pollution automobile, un danger pour cette ville deux fois millénaire.La découverte d'Homo pekinensis atteste en effet la très haute antiquité de Pékin comme habitat humain. Dès le Vesiècle avant notre ère, à l'époque des « Royaumes combattants », une de ces principautés y avait établi sa capitale, la ville de Ji, dont l'importance stratégique s'accrut avec la construction de la Grande Muraille toute proche, au iiie siècle après Jésus-Christ.Plusieurs fois détruite, remaniée, reconstruite au cours des siècles, du Moyen Âge chinois, la ville qui devait devenir Pékin changea également plusieurs fois de nom : Yanjing au VIIIe siècle, Zhongdu au XIIe siècle, Dadu au XIIIe siècle. À trois reprises, elle fut la capitale de principautés dissidentes établies sur les confins de l'Empire par les « barbares » du Nord-Ouest : les Khitan au Xe siècle, les Djürchet au XIIe siècle et surtout les Mongols au XIIIe siècle. Le nom de Dadu, « grande capitale », fut en effet choisi par le conquérant mongol Khubilai, petit-fils de Gengis-khan, quand il fonda en Chine une nouvelle dynastie, celle des Yuan. Dadu, c'est aussi la Cambaluc (Khanbaliq) de Marco Polo, qui en a laissé une description enthousiaste : « Sachez que la cité de Cambaluc a si grande multitude de maisons et de gens dedans la ville et dehors, que ce semble être impossible chose [...] et je vous dis qu'en cette cité il vient plus de choses de grande valeur et étrangères, que dans aucune autre cité qui soit au monde, et plus grande quantité de toutes choses. »La dynastie nationale des Ming, qui avait chassé les Mongols au XIVesiècle à la faveur d'une révolte populaire, établit symboliquement sa capitale à Nankin (Nanjing), la vieille « capitale du Sud ». Mais, dès le début du XVe siècle, les Ming ramenaient à Pékin leur capitale, pour des motifs essentiellement stratégiques : assurer la défense de l'Empire contre les peuples du Nord et du Nord-Ouest. Ce fut pourtant un de ces peuples, les Mandchous, qui s'empara en 1648 de la ville et fonda une nouvelle dynastie barbare, celle des Qing. S'ils maintinrent leur capitale à Pékin, c'est que des mobiles dynastiques s'ajoutaient aux mobiles militaires : à savoir la proximité de la Mandchourie, patrie de la maison impériale.Pékin resta donc capitale de la Chine d'une façon presque continue, sous les trois dernières dynasties impériales, du XIIIe au XXe siècle. Cette localisation accusait le divorce grandissant entre la structure politico-militaire de l'Empire et son dynamisme économique. C'était en effet dans le Sud, aux bouches du Yangzi, autour de Canton, que se trouvaient les régions de l'Empire les plus vivantes du point de vue de l'activité agricole, du commerce, du développement urbain et même de la production manufacturière « protocapitaliste ». Ce divorce était symbolisé par l'existence du « canal impérial », dont la fonction était d'acheminer vers la capitale le riz des riches régions du Sud-Est, afin de nourrir courtisans, soldats et fonctionnaires. Cette distorsion géopolitique entre la localisation de la capitale impériale et le caractère historiquement plus avancé des provinces du Sud permet de comprendre l'échec de grands mouvements « sudistes », comme les Taiping, ou la révolution républicaine de 1911.