PROCRÉATION
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Edité par Encyclopædia Universalis - 2009
Le terme procréation est souvent réservé à notre espèce, comme s'il était plus digne que celui de reproduction, qu'on utilise plutôt pour les animaux. En fait la plupart des animaux, et tous les mammifères, si nous prenons ce terme dans son sens littéral, ne se reproduisent pas mais procréent, puisque les descendants qu'ils conçoivent sont tous différents entre eux et qu'ils diffèrent aussi de leurs géniteurs.Cette originalité est la conséquence de loteries biologiques successives dans l'héritage chromosomique, loteries qu'il faut rappeler succinctement : la méiose, qui produit des cellules sexuelles mâles ou femelles (gamètes) qui se sont diversifiées en séparant au hasard les paires de chromosomes homologues ; la mutation, qui introduit du variant accidentel dans l'hérédité ; la séduction, qui apparie un individu avec tel autre du sexe opposé ; la fécondation, qui permet à un gamète mâle (spermatozoïde) porteur de singularité biologique de fusionner avec un gamète femelle (ovule) lui aussi singulier. Ces événements à base génétique sont modulés par les caractéristiques, toujours uniques, de l'environnement, autour du génome (facteurs épigénétiques), autour de l'organisme (facteurs écologiques) et autour de la personne (facteurs culturels). C'est pourquoi la procréation sait produire du nouveau, et il semble que cela soit sa raison d'être !Il y a bien longtemps que les hommes ont compris la liaison entre l'accouplement et la naissance : il leur suffisait d'observer le comportement des animaux domestiques et le délai constant qui sépare, dans chaque espèce, le coït de la mise bas. Il n'empêche que la chaîne des événements physiologiques qui va de la formation des gamètes à la fécondation, puis à la naissance, était restée obscure jusqu'à la fin du XIXesiècle.Pourtant, avant même d'avoir compris les grandes lignes de la procréation, on s'essayait à en maîtriser le cours, soit en prétendant agir sur le sexe ou la qualité du bébé, soit en supprimant la grossesse après une fécondation non souhaitée. Même si des progrès remarquables autorisent notre compréhension des mécanismes de la procréation, et notre intervention pour la maîtriser, il reste beaucoup à apprendre à toutes les étapes de ce processus. Comme dans les autres domaines des sciences du vivant, la plus grande partie des recherches actuelles sur la procréation se déroulent, au niveau moléculaire, par la caractérisation des gènes contrôlant chaque fonction et des gènes mutés induisant des pathologies. Mais des propositions de plus en plus efficaces sont apparues au niveau médical pour limiter le nombre d'enfants (contraception), ou l'augmenter dans les cas d'infécondité (Assistance médicale à la procréation : A.M.P.), ou encore éviter la naissance d'enfants anormaux (diagnostic prénatal et avortement médical). Il est important aussi de souligner les progrès récents et remarquables dans l'assistance aux femmes enceintes, l'obstétrique et la périnatologie, grâce auxquels la plupart des conceptions ayant dépassé leur premier trimestre conduisent à la procréation d'un enfant viable. Rappelons en effet que la mortalité infantile était de l'ordre de 30 p. 100 dans l'Europe du XVIIIe siècle. Toutefois la procréation humaine n'a pas bénéficié seulement de l'art médical ou, plus récemment, de la recherche scientifique : il est indéniable que les avancées sociales (alimentation des mères, qualité de l'eau, hygiène, repos...) et l'encadrement législatif (cf. naissance - Grossesse) ont influencé le succès de la procréation au moins autant que les progrès médico-techniques.