PURISME, mouvement artistique
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Edité par Encyclopædia Universalis - 2009
Le purisme est une doctrine esthétique formulée par les peintres Amédée Ozenfant et Charles Édouard Jeanneret (connu comme architecte, à partir de 1920, sous le pseudonyme de Le Corbusier), qui en ont fait connaître le programme au moyen d'un petit livre, Après le cubisme, publié au lendemain de l'armistice de 1918. Il est né d'une critique du cubisme et de son héritage sur fond d'une guerre, la première grande conflagration mondiale, qui s'est également jouée – et avec non moins de violence – sur le terrain des valeurs culturelles. Le cubisme s'est en effet trouvé au cœur d'une véritable bataille idéologique, déterminant deux attitudes possibles. Dénoncé dès avant la guerre comme fondamentalement étranger à la sensibilité française, il fera chez certains l'objet d'un rejet pur et simple, laissant la place au développement des tendances les plus réactionnaires : ce sera le « rappel à l'ordre » des années d'après guerre – au risque de voir l'art de Braque et de Picasso passé par pertes et profits du combat que la propagande du temps décrit comme celui des nations latines contre les peuples barbares. De leur côté, les défenseurs de l'avant-garde s'activent au contraire à une sorte de « nationalisation » du cubisme, présenté comme l'avatar moderne d'un esprit classique et méditerranéen qui se serait transmis à travers les âges jusqu'à Cézanne et ses héritiers. C'est dans le contexte de ce conflit d'idées, dont l'enjeu n'est ni plus ni moins que la sauvegarde des acquis de l'avant-garde et de son esprit de recherche, qu'Ozenfant et Jeanneret apportent leur réponse spécifique. L'originalité, cependant, de leur position dans le paysage artistique de l'après-guerre est encore source de difficultés d'interprétation ; le purisme constitue-t-il bien l'apport le plus engagé, malgré son ancrage dans des valeurs classiques, à la défense d'un esprit nouveau, ou n'est-il que la composante la moins nostalgique d'un phénomène général de retour à l'ordre ? Cette indétermination montre que le purisme a sans doute réussi à occuper un point d'équilibre, ou à trouver une seconde voie, entre tradition et avant-garde, modernité et nostalgie.