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Depuis l’application du décret du 27 avril 1848, confirmé par la Constitution du 4 novembre 1848 et qui édicte l'abolition définitive de l'esclavage, les Antilles-Guyane françaises ont connu d’innombrables changements. Selon les principes du droit naturel développés par les abolitionnistes, l’émancipation des esclaves était un « acte de réparation d’un crime de lèse-humanité » ainsi qu’une « grande dette de la France à l’humanité » « In : Les sociétés coloniales à l'âge des empires ».
Toujours concernant cet aspect historique de l’histoire des pays colonisés, Aimé Césaire déclarait : « l’Europe colonisatrice est déloyale à légitimer à postériori l’action colonisatrice par les évidents progrès matériels réalisés dans certains domaines sous le régime colonial attendu que (…) nul ne sait à quel stade de développement eussent été ces mêmes pays sans l’intervention européenne ». In : « Discours sur le colonialisme ».
A partir de 1850 on constate que la vie des nouveaux libres se transforme. L’instruction même s’il n’est pas encore accessible à tous, permet tout de même à certains anciens esclaves de s’instruire. Mais, malgré ces quelques avancées, des inégalités héritières des stéréotypes esclavagistes persistent entre les blancs et les noirs. C’est ainsi que le 22 septembre 1870 éclate à Rivière Pilote l’insurrection du sud ayant comme origine l’affaire Lubin. Les principaux leaders du mouvement furent exécutés, d’autres furent condamnés aux travaux forcés à perpétuité, à la déportation et au bagne en Guyane. Ce fut le cas pour Lumina Sophie dite Surprise, très active dans le mouvement et qui mourut d’épuisement sept ans plus tard à l’issue du procès de 1871.
Quelques temps plus tard, pour assurer l’ordre social, la conciliation et le progrès, devenus le crédo des forces politiques locales, il est décidé de l’envoi de 25 000 antillais pour participer à la guerre de 1914-1918. Ils versent alors ce qui a été appelé l’« impôt du sang ». Puis, en 1939, c’est la période dite de l’Amiral Robert qui débute à la Martinique avec des conditions de vie précaires et difficiles, amplifiées par une grande pénurie alimentaire. In : « Encyclopédie Désormeaux ».
En 1946, au nom de l’histoire, l’assimilation politique à la Mère-Patrie par la loi de départementalisation est revendiquée par les députés des Antilles et de la Guyane françaises (Aimé Césaire, Léopold Bissol, Eugénie Eboué et Gaston Monnerville) comme un grand mouvement réparateur, inhibant l’abolition du préjugé colonial.