LOGIQUE INDIENNE
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Edité par Encyclopædia Universalis - 2009
Les questions de raisonnement logique occupent une place aussi importante dans la philosophie indienne, d'un bout à l'autre de son histoire, que dans la tradition occidentale. Ce n'est que dans les années 1930 que la plupart des Occidentaux ont fini par reconnaître ce fait, dont l'étude reste encore aujourd'hui exposée à la négligence. Il y a deux raisons à cela, outre que dans les différentes écoles (darśana, littéralement « point de vue ») indiennes la logique n'a jamais dénoué les liens naturels qui l'unissent à la philosophie du langage et à l'épistémologie.D'abord, la philosophie indienne a commencé à être connue en Occident vers 1800, au moment où l'on découvrit que les langues indo-européennes sont historiquement apparentées, et où les études sanscrites trouvèrent place dans les universités. À cette époque, les recherches sur la pensée mythologique considérée comme le point de départ de la philosophie spéculative retenaient beaucoup plus l'attention des érudits que celles sur les étapes primitives de l'activité scientifique ; encore moins se penchait-on sur la logique de la pensée investigatrice elle-même. On traitait la logique comme si l'essentiel en était contenu dans les schémas qu'elle héritait de la syllogistique, et on la considérait donc comme un jeu stérile qui ne méritait d'attention sérieuse ni de la part du scientifique professionnel ni du philosophe spéculatif. Il fallut attendre l'avènement de la logique formelle moderne grâce à Frege pour que fussent appréciées à leur juste valeur les conquêtes passées de la logique, par exemple celles du stoïcisme ou de la scolastique ; et la logique indienne subissait le même sort.En second lieu, les traités indiens qui portent sur les problèmes de la logique emploient en général un langage technique très élaboré. Pour bien comprendre celui-ci, il est pratiquement nécessaire de s'appuyer sur une tradition écrite et orale ininterrompue faite de commentaires raisonnés attaquant et défendant des textes antérieurs, mais à l'heure actuelle nous ne disposons que rarement de séries complètes de ces commentaires. En outre, il est difficile d'identifier tel ou tel problème à son équivalent occidental, même quand celui-ci existe.