PAGAN
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Edité par Encyclopædia Universalis - 2009
La ville de Pagan commande le passage entre les plaines de Kyaukse et de Mingu, les deux seuls bassins de l'Irrawaddy avant son delta. Elle se trouve à 210 de latitude nord, mais à l'intérieur des terres et à l'ombre des hauteurs de l'Arakan, qui arrêtent une partie de la mousson du sud-ouest. Il y tombe à peine 0,60 m d'eau par an ; on l'appelle le Tattadesa, le « Pays brûlant ». L'irrigation y a pourtant très tôt créé un véritable grenier, le Ledwin, le « Pays du riz ». Pagan est équidistante des deux bras du fer à cheval de montagnes qui enserre la Birmanie, d'où, de tous temps, ont dévalé les envahisseurs. L'Irrawaddy, incomparable chemin d'eau, relie la ville à la mer, à la civilisation.Nulle prédestination géographique, nulle nécessité géopolitique n'expliquent pourtant sa destinée, mais bien plutôt la volonté des hommes, ou les hasards de leurs destins. Les Pyu de langue tibéto-birmane ont civilisé la vallée du fleuve où subsistent, de Halin à Prome, leurs antiques cités. Les Birmans proprement dits vinrent les y rejoindre et se fondre avec eux.Pagan se dresse sur un promontoire. Sa vaste enceinte quadrangulaire de 1 200 m de côté – l'angle nord-ouest est rongé par le fleuve – aurait été dressée dès 849. C'est à Anawrahta (1044-1077) qu'elle dut son essor. Ce roi guerrier soumit les Mōn de Thatön et même ceux du Ménam, jusqu'au Haripuñjaya et à l'Arakan, peuplé d'un rameau pyu. Converti au bouddhisme des Thera par le Mōn Shin Arahan, il en fit la religion officielle, le pāli et le mōn devenant ainsi les langues de culture. Kyanzittha (1084-1113) consolida la tutelle birmane : rien ne le montre mieux que l'inscription du Myazedi (vers 1113) rédigée en quatre langues : le pāli, le mōn, le pyu et le birman qui était ici écrit pour la première fois. Alaungsithu (1113-1155 env.) poursuivit l'édification de sanctuaires de plus en plus colossaux, de même que Narapatisithu (1174-1211), qui veilla à une réforme du bouddhisme selon les règles de la secte cinghalaise du Mahāvihāra. Sous Nantaungmya (1211-1230), le pouvoir s'affaiblit, à la suite des importantes dépenses de construction et des querelles de sectes. Sous la pression des raids mongols (1271-1288), les rois abandonnent Pagan entre 1298 et 1312. C'est la fin de trois siècles d'or, qui avaient créé l'unité et la puissance de la Birmanie et formulé son art, avec un éclat insurpassé depuis.