Le Pavillon Bougenot
Le 1er novembre 1834, Le sieur Charles LIOT fils, trésorier payeur colonial de l’époque, fit l’acquisition des terrains du Pavillon Bougenot.
Il y fut construit une magnifique demeure à étages qui s’effondra lors du Séisme Majeur Historiquement Vrai (S.M.H.V) du 11 janvier 1839.
(Réf. Le séisme majeur du 11 janvier 1839 de la Martinique de Joseph Mavoungo)
La maison fut reconstruite dans les années 1840, puis vendue telle quelle le 10 avril 1872 à Monsieur Eugene EUSTACHE, alors propriétaire de l’usine du Galion…
Le Pavillon est une maison bourgeoise d’une superficie de 600 m².
Emile BOUGENOT, industriel Français du 19ème siècle employé par la maison CAIL, arrive en Martinique, en décembre 1860 pour la mécanisation des usines de canne à sucre. Il commencera par l’usine du Lareinty, puis celle du Galion, à Trinité.
Il rencontre alors Angélina, la fille de M. Eugène EUSTACHE, avec qui il se marie. Il administrera donc les biens du sieur Eustache durant quelques années et deviendra ainsi propriétaire du Pavillon à la mort de son beau-père le 6 mars 1883.
En 1892, il confie la gestion de ses biens à un blanc créole nommé Joseph de LAGARIGUE et rentre définitivement en France ou il mourut le 25 septembre 1925.
La crise mondiale de 1930-1939 n’épargne pas le secteur sucrier et la crise frappe toute l’industrie des distilleries jusqu’au début de la deuxième guerre mondiale, période pendant laquelle le Pavillon Bougenot sera occupé par les services de propagande du gouvernement de Vichy représenté par l’Amiral ROBERT.
Le 21 janvier 1942, Sacre de Monseigneur Varin de la Brunelière
De 1945 à 1949, le bâtiment est occupé par la Radio Diffusion Française
Le 12 juillet 1945, première émission depuis le Pavillon…
En 1960, le Conseil Général rachète la structure.
De 1961 à 1991, le pavillon abrite la Direction des services sanitaires et sociaux du département.
En 2000, il sera ensuite attribué comme extension à la Bibliothèque Schœlcher et deviendra un équipement culturel au service de la population…
En 2002 s’y tient une exposition sur l’éruption de la montagne Pelée…
En 2003, ouverture du Pavillon Bougenot au public en tant qu’annexe de la Bibliothèque Schœlcher, abritant trois services :
- un espace « Presse & documentation »,
- un espace « Déficient visuel ».
Contexte historique
En 1767, la Martinique compte 450 sucreries-distilleries
Le Galion et la grande crise sucrière (1884-1905)
À la mort d'Eugène Eustache, Émile Bougenot, son gendre, est chargé de la gestion de l'usine. On sait aujourd'hui qu'il est le plus grand nom de l'histoire économique de la Martinique entre 1870 et 1890.
Né en 1838 dans un petit village de la côte d'or, issu d'un milieu paysan aisé, il poursuit des études d'ingénieur, et entre en 1859 au service de la Maison CAIL. L'année suivante, il est envoyé à la Martinique pour diriger le montage de l'installation de l'usine de Lareinty.
C'est à lui qu'Eugène EUSTACHE fait appel pour monter l'usine du Galion. Il épouse la fille du propriétaire.
Les années suivantes sont celles d'une ascension sociale et patrimoniale rapide. Sur les 21 usines sucrières en activité dans la 2e moitié du XXe siècle, il a été gérant de 9, actionnaire de 15, et copropriétaire de celle du Galion, touchant ainsi des revenus importants.
Émile BOUGENOT a les connaissances techniques qui lui permettent de s'imposer dans le milieu créole. Il bénéficie de la conjoncture économique en hausse mais c'est surtout, un gros travailleur, exigeant envers lui-même comme envers les autres, qui sait tirer parti de toutes les opportunités qui s'offrent à lui. Lorsqu'il devient propriétaire du Galion, il abandonne la direction de toutes les autres usines. En 1892, il confie l'administration de l'usine à Joseph de LAGUARIGUE, un blanc créole de la Trinité, et rentre définitivement en France d'où il continue à suivre la gestion de son usine.
La crise sucrière prend fin autour de 1905.
La production sucrière du Galion se solde par des bénéfices dès les années suivantes, d'importants investissements sont réalisés pour augmenter la capacité de broyage, renouveler le matériel et les plantations, sur lesquelles on remplace la vieille canne dite "D'OTAITE" par une nouvelle espèce, la "BIG TANA".
Émile BOUGENOT meurt le 25 septembre 1925.
Le XIXe siècle vit l’essor croissant du rhum et de sa consommation. Sa diffusion mondiale
s’effectua parallèlement au développement des impérialismes européens.
En 1854, la Martinique exportait 4 200 000 litres de rhum et la Guadeloupe1500 000 litres.
Après l’épidémie de phylloxera de 1876 à 1892 qui toucha l’ensemble du vignoble métropolitain, la consommation du rhum augmenta de manière exponentielle et combla le manque de production viticole engendrée par l’épidémie.
La Martinique exporta en 1892 vers la France métropolitaine
19 000 000 de litres de rhum et la Guadeloupe 2 000 000.
Aujourd’hui, La Martinique produit annuellement entre 80'000 et 90'000 hectolitres d'alcool pur (HAP) (soit entre 8 et 9 Millions de litres) dont environ entre 60'000 et 75'000 HAP (soit 6 à 7,5 millions) de rhum agricole (chiffre 2010).